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Aidé par son isolement, quand il commence à voir émerger et se cristalliser des lignes de forces
qui passent de fragiles hypothèses, de ressentis coupables à lourdes tendances établies,
le véritable artiste se trouve beaucoup moins démuni devant l’inédit que nombre de ses contemporains.
Servi par l’économie de moyens à mettre en place, la mise à l’épreuve réactive de ses sens est aisée
et peut mener à un court-circuit neuronal, à même de (dé)passer outre, la raison pure, afin d’appréhender au mieux les mouvements du monde.
Il peut non seulement les comprendre mais également être en mesure d’en anticiper certains.
C’est dans cette tendance spinale autant que cérébrale que je prétends m’inscrire.
Et quand de surcroît, servi par un ensemble de choix pertinents, il est capable de voir
ce que qu’il voit sans avoir à triturer le réel pour se mettre en accord avec cet ensemble.pour
Aucune dissonance cognitive ne vient l’agiter, raviver des pulsions tristes.
C’est en toute sérénité qu’il peut affronter un monde, en horreur, en amour et ainsi le faire sans violence.
Simplement debout, debout et souple, adapté au chaos qui pointe.
L’artiste à-droit n’est pas celui qui geint pour réclamer, en miroir inversé, la place du mal-à-droit,
encore moins celui qui en permanence murmure à la censure, ni même celui qui use des mêmes moyens
que le sus-nommé, en inversant juste le discours, sans en changer la forme.
Acteur contemplateur, son chemin est tout autre, plus à côté que contre, agissant sur le temps long,
léger car lucide, lumineux car sombre, enfin profond car gratuit et désintéressé.
L’essence plus que l’or le meut.
Pas de supra-pureté à rechercher pour lui et surtout à imposer aux autres
et par la même à l’abri du jeu de dupe du marcher aux esclaves du tous contre tous:
il n’a pas à dévorer ses enfants puisque ni les images ni la liberté ne lui font peur.
Il peut célébrer la vie à belles dents car la mort ne l’effraie guère.
Transmission en lieu et place de destruction et soumission,